Le Canada a renouvelé son engagement historique à l’égard de l’aérospatiale, en réservant plus de 2 milliards $ en financement pour cette industrie stratégique, orientée vers l’avenir.
Non seulement le budget de 2021 reconnaît-il le rôle que joue le secteur de l’aérospatiale pour contribuer à soutenir l’activité économique et appuyer les emplois à travers le pays, mais il prend également acte de sa capacité tout à fait particulière de contribuer au développement d’innovations transformatrices au plan mondial. Malgré que ce secteur soit l’un des plus durement touchés par la pandémie, les prévisions chiffrent la valeur du marché mondial total de l’aérospatiale à 8 500 milliards $ au cours de la prochaine décennie.
Le budget prévoit, à titre d’exemple, des investissements de 90 millions $ en observation satellitaire spatiale, domaine dans lequel le Canada a toujours fait office de chef de file. Nous avons été le troisième pays, après la Russie et les États-Unis, à construire et à lancer notre propre satellite. Le satellite Anik A1 fut le premier satellite de communication national commercial jamais réalisé. Lors de son lancement en 1972, il permit de relier les Canadiens d’un océan à l’autre, en offrant des retransmissions télévisuelles en direct ainsi que la possibilité de réaliser des appels interurbains.
Ce leadership établi de longue date dans le domaine des communications par satellite a contribué aux technologies qui, aujourd’hui, sous-tendent la connectivité Internet, la surveillance météorologique et les réseaux GPS, pour ne citer que quelques exemples. Pour sa part, le Canadarm, qui constitue une autre première canadienne, est toujours utilisé dans l’espace, et les technologies qui en découlent nourrissent une révolution sur le plan de la robotique et de l’automatisation, ici, sur terre.
Ces incroyables réalisations ne sont pas le fruit du hasard. En effet, des leaders politiques et de l’industrie décidèrent, il y a 80 ans, de faire du Canada une nation vouée à l’aérospatiale. Les gouvernements de toutes les affiliations qui se sont depuis succédé ont maintenu cet engagement, en réalisant des investissements et en élaborant des stratégies spéciales.
Ce geste visionnaire d’édification de la nation auquel ont participé les gouvernements et l’industrie a permis de faire passer l’industrie canadienne de l’aérospatiale au cinquième rang par ordre d’importance dans le monde, celle-ci étant appelée à livrer une concurrence de tous les instants aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France et à l’Allemagne, de même, aujourd’hui, qu’à la Chine et à l’Inde entre autres pays. Les innovations canadiennes dans le domaine de l’aérospatiale ont contribué à façonner le monde moderne et ont engendré de la prospérité et de la stabilité pour des communautés locales depuis des décennies.
Aujourd’hui, le secteur canadien de l’aérospatiale appuie 235 000 emplois dans chacune des régions du pays et contribue à hauteur de près de 30 milliards $ par année au PIB. Les investissements en matière de recherche et développement (R‑D) dans le domaine de l’aérospatiale ont dépassé les 1,4 milliard $ en 2018, soit 35 % de l’ensemble des investissements en R‑D dans le domaine de la fabrication. Nous constituons un lien essentiel de la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’aérospatiale, en plus d’être un leader international sur le plan de l’intensité des exportations.
Maintenant que le budget 2021 a fixé les balises en termes d’investissements, le temps est venu de se doter d’une stratégie nationale agressive en matière d’aérospatiale qui tire parti des avantages concurrentiels dont jouit le Canada, appuie les emplois et les multiplie, en plus de propulser les exportations et d’appuyer l’innovation écologique.
Il faut se rendre à l’évidence – le gouvernement a toujours joué et jouera toujours un rôle central en ce qui concerne l’aérospatiale, que ce soit à titre de partenaire, d’investisseur, de responsable de la réglementation ou de client.
Les gouvernements d’autres pays ont tissé des liens de partenariat avec l’industrie dans le cadre de plans stratégiques, envoyant en cela un signal clair aux investisseurs et positionnant leurs industries de manière telle qu’elles puissent emporter leur large part du futur marché mondial de 8 500 milliards $, en plus de mener la révolution au chapitre de l’aérospatiale verte. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Australie investissent dans des stratégies à long terme. Ces nations « s’impliquent dans ce domaine pour gagner ».
Le Canada a besoin du même type de stratégie claire et de vision commune unissant le gouvernement et l’industrie. La bonne nouvelle tient au fait que l’industrie a élaboré une vision-cadre nationale, axée sur les partenariats, afin de redynamiser le secteur canadien de l’aérospatiale. Grâce à l’initiative sectorielle Vision 2025 de l’AIAC, nous avons pu cerner des priorités claires et pratiques qui cadrent bien avec les initiatives qui viennent à peine d’être annoncées dans le budget de 2021.
Qu’il s’agisse d’augmenter les mesures de soutien consenties à la main-d’œuvre la plus compétente du monde, de veiller à ce que de petites et moyennes entreprises actives dans le domaine de l’aérospatiale puissent s’épanouir et croître, de développer des technologies vertes ou de maximiser notre leadership dans l’espace, le secteur canadien de l’aérospatiale est l’une des rares industries canadiennes apte à favoriser la reprise économique en région rurale et urbaine, d’un océan à l’autre.
Dotée d’un plan stratégique national s’articulant autour des mesures de soutien ciblées décrites dans le budget de 2021, l’aérospatiale a la possibilité de contribuer 7 milliards $ de plus au PIB du Canada, d’ajouter 50 000 nouveaux emplois et de faire progresser les exportations de 4,5 milliards $ au cours de la prochaine décennie.
Nous savons gré au gouvernement de la reconnaissance qui est la sienne de ce secteur stratégique et nous espérons qu’il s’agit là du début d’une nouvelle ère de partenariat, d’édification de la nation et d’ingéniosité canadienne dans le domaine de l’aérospatiale.
Mike Mueller
Président et chef de la direction (par intérim)
Association des industries aérospatiales du Canada